Racontées par Alain Rey, l'un des principaux créateurs des dictionnaires Le Robert.

Par acquit de conscience : origine de l'expression

Racontées par Alain Rey, l'un des principaux créateurs des dictionnaires Le Robert.

Ecrit par l'Ordissinaute Laurent Lacaille - 1

Raconté par Alain Rey, l'un des principaux créateurs
des dictionnaires Le Robert.

Dans les romans policiers traditionnels, il y a d'un
côté les coupables qui n'ont pas la conscience
tranquille et de l'autre côté les policiers qui travaillent
consciencieusement pour découvrir la vérité.
Dire que
ces derniers, par acquit de conscience, vérifieront
toutes les pistes, c'est dire qu'ils ne laisseront rien au
hasard.
Mais s'ils veulent avoir leur conscience pour eux,
et acquérir la certitude qu'ils sont irréprochables, pourquoi
diable écrit-on ici acquit et non acquis ?


 C'est tout simplement parce que ce mot, qui ne
s'emploie plus que dans quelques expressions, est dérivé
non pas comme acquis du verbe acquérir mais du verbe
acquitter.
L'acquit était autrefois le paiement d'une dette
puis la reconnaissance écrite de ce paiement. Dans ce
sens, le mot a été évincé par quittance , de même origine,
mais il s'emploie encore dans la formule pour acquit.
Le
sens figuré apparaît dès le Moyen Àge mais l'expression "par
acquit de conscience" ne devient usuelle qu'au XIXe siècle.

À cette époque, Littré en donne encore les formes anciennes,
qu'il a trouvées dans l'œuvre de Saint-Simon :
l'acquit" ou "pour l'acquit de sa conscience".

On est donc quitte de toute dette envers sa conscience
quand on agit en suivant ses conseils et qu'on ne néglige
aucune piste.
Quoi qu'il en soit, il n'est pas nécessaire de
jouer au détective pour vérifier l'orthographe de ce mot.
 La méthode est beaucoup plus simple : il suffit d'acquérir un
bon dictionnaire et de s'acquitter d'une petite vérification.

Élémentaire, mon cher Watson !>