Racontées par Alain Rey : l'un des principaux créateurs des dictionnaire 
le Robert

Porter quelqu'un au PINACLE : Origine de L'expression

Racontées par Alain Rey : l'un des principaux créateurs des dictionnaire le Robert

Ecrit par l'Ordissinaute Laurent Lacaille - 1

Couvrir quelqu'un de louanges.

L'être humain est capricieux et son jugement peut
changer en un instant. Ainsi, par exemple en
politique, on peut soudainement être voué aux
"gémonies ou cloué au pilori" après avoir été porté au pinacle ,
c'est-à-dire célébré, honoré, glorifié.

Pinacle vient du latin chrétien pinnaculum, de même
origine que pignon. Le pinacle, c'est l'élément d'architecture
situé au faîte d'un ouvrage, la partie la plus élevée d'un édifice.
Ce fut en particulier le point le plus haut du temple de Jérusalem.
Dans un édifice gothique, c'est le couronnement de contreforts
pointu et souvent ouvragé. La hauteur a toujours symbolisé les honneurs :
"être porté aux nues", c'est aussi être admiré. Et ne dit-on pas de quelqu'un
à l'apogée de sa carrière ou de son succès qu'il est au faîte de sa gloire ?

Un sens plus ancien a probablement influencé l'expression,
lorsque pinacle désignait aussi le sommet d'une montagne.
Or, les cimes sont certainement les hauteurs les plus à
même de représenter la gloire, notamment par référence
aux récits bibliques. Ainsi, Moïse reçoit les commandements
en haut du mont Sinaï et, après le Déluge, Noé et son arche
échouent sur le sommet du mont Ararat. Ce sont des lieux où
Dieu se manifeste aux prophètes. Les sommets rapprochent
les cieux et le divin.


Au figuré, on a d'abord dit que l'on mettait quelqu'un sur le pinacle.
Dans la Cousine Bette, Balzac raille l'ambitieux en ces termes :
« Oh ! il se croit sur le pinacle, il a de l'orgueil, le jeune homme ».
Puis on va le porter au pinacle, formule restée usuelle même
si l'on n'en connaît plus l'origine. D'ailleurs, qui tutoie les sommets
court le risque de tomber de haut.