Les énervés de Jumièges
Les énervés de Jumièges
L’abbé Philibert fonde l’Abbaye de Jumièges, nichée dans une boucle de la Seine, en 654.
À cette époque, Clovis II est roi de Neustrie et de Bourgogne. Il décide de partir en pèlerinage en Terre Sainte et laisse les rênes à sa femme Bathilde. Mais leur fils aîné se révolte et exclut sa mère du Conseil.
Clovis II, par Emile Signol, Château de Versailles
Alerté, Clovis II écourte son séjour, mais arrivé sur ses terres, il est accueillit par une armée levée par ses deux fils aînés. Le roi sort vainqueur de l’affrontement, et veut occire ses fils pour avoir osé se rebeller.
Mais la reine Bathilde plaide en faveur de la vie de ses fils… Au lieu de les tuer, elle suggère qu’ils soient énervés, châtiment qui consiste à brûler les nerfs et tendons des membres inférieurs.
Statue de Sainte Bathilde, par Victor Thérasse, jardin du Luxembourg, Paris
Après avoir subi leur peine, les fils de Clovis II se repentent et émettent le souhait d’entrer en religion. Ne sachant pas dans quelle abbaye les placer, leurs parents les confient aux mains du destin et les installent sur un radeau dérivant le long de la Seine.
Le radeau s’échoue au pied de l’abbaye de Jumièges où ils sont recueillis par Philibert. Les fils de Clovis terminent leur vie en ces lieux dans la piété.
Les Énervés de Jumièges par Évariste-Vital Luminais, conservé au musée des Beaux-Arts de Rouen
En signe de reconnaissance, l’abbaye est placée sous protection royale, ce qui lui confère une grande puissance.
Les gisants des énervés sont placés dans le chœur de l’abbaye en mémoire de cette protection.
Les gisants des énervés de Jumièges
Cette histoire est une légende, totalement fausse ! Elle a été forgée bien ultérieurement par les moines afin de justifier leur puissance sur la région.
Les magnifiques gisants aujourd’hui conservés dans le logis abbatial ont été sculptés au XIIIe siècle.
Gisant des énervés de Jumièges au musée de l'abbaye de Jumièges
Selon la vérité historique, le roi Clovis II est décédé trop jeune pour que ses fils puissent lever une armée contre lui et il n’y a aucune trace de son pèlerinage en Terre Sainte. Tous ses fils ont régné après lui.
En revanche, la fondation de l’abbaye a bien été soutenue par la reine Bathilde qui a donné à Philibert le domaine royal de Jumièges ainsi que le droit de pêche dans la Seine et des dépendances forestières.
Cette abbaye n’est pas celle dont nous connaissons aujourd’hui les ruines sublimes et mystérieuses. Les bâtiments originels ont été ravagés lors des raids vikings menés par Ragnar Lodbrok (selon la légende).
Tête dite "tête de Guillaume le Conquérant", musée de l'abbaye de Jumièges
L’église Notre-Dame est reconstruite au début du XIe siècle et dédicacée le 1er Juillet 1067, en présence de Guillaume le Conquérant.
Le chœur de l’église a été remanié au XIIIe siècle dans un style gothique.
Abbaye de Jumièges
Actualités :
Dans le cadre du Festival Normandie Impressionniste, le logis abbatial de l’abbaye accueille une exposition intitulée En/quête d'identité : dialogue splendide entre les œuvres photos et vidéos contemporaines et les statues, clés de voûte et dalles funéraires du Moyen Âge.
Affiche de l'exposition
À découvrir jusqu’au 12 juin. Cette exposition est dédiée à la mémoire de Leïla Alaoui, photographe franco-marocaine, emportée dans les attentats de Ouagadougou en janvier 2016 et dont certaines sont exposées autour des gisants des énervés.
Pour en savoir plus sur l'abbaye de Jumièges.
À voir également :
Photos : La France des Impressionnistes Article : Balade en Pays d'Auge
Article : L'héritage d'Alexandre le Grand Vidéo : Abbaye de Saint-Evroult